Reconnaitre et comprendre le burn-out

Le Burn-out est devenu depuis ces dernières années un des gros sujets de conversation que ce soit en entreprise ou dans les médias. Est-ce un durcissement des conditions de travail, un changement dans notre relation au travail ou un déliement des langues sur le sujet ? Il n’en reste pas moins être également un sujet de mésinformation.

En effet, combien d’entre nous entendons une personne se sentir mal au travail utiliser ce terme pour décrire sa détresse professionnelle?
Aujourd’hui, ce terme semble pratique mais galvaudé pour aborder les souffrances liées au travail. Utilisé à toutes les sauces, il semble évident que beaucoup ont à apprendre sur le sujet.

Alors, évidemment, vous me voyez venir, j’ai décidé d’en faire un article pour éclaircir tout ça!

Qu’est-ce que le burn-out ?

Le burn-out est un terme anglais pour parler de ce que nous, les français, appelons le Syndrome d’épuisement professionnel. L’idée générale du terme anglais est de faire référence au fait d’avoir été « cramé » par son travail.
Un poil violent me direz-vous ? Peut-être réaliste en fin de compte car il est indéniable que le burn-out laisse dans son sillage une énorme détresse pour celui qui le subit.

Si le terme anglais est assez représentatif de ses effets ;  les termes dans la langue de Molière ont l’avantage d’être explicites sur sa définition. Il s’agit d’un syndrome (et non une maladie) qui épuise et qui trouve son origine au travail : le syndrome d’épuisement professionnel (CQFD!).

Cet épuisement qui caractérise tant le burn-out est un épuisement en plusieurs dimensions.
En effet, il s’agit d’un épuisement physique, émotionnel et mental.
A ces différentes dimensions d’épuisement, nous pouvons ajouter la dimension temporelle. Car il s’agit également d’un épuisement qui résulte d’une situation de travail où le salarié a été exposé au stress de manière prolongée. Cela peut se compter en semaines, en mois et même très souvent en années.

Ce sont bien ces caractéristiques qui vont permettre de réaliser la distinction entre un burn-out et d’autres types de manifestations cliniques comme la dépression par exemple.  Différent d’une maladie car ses symptômes et manifestations sont différents d’une personne à l’autre. En revanche, ses symptômes trouvent leur origine dans un même lieu : celui du travail. Ces symptômes trouvent leur origine dans l’exposition prolongée au stress dû aux exigences du travail.

Comprenez donc que le burn-out est le résultat d’un processus de fatigue qui s’installe dans le temps. Très loin d’une situation figée, il s’agit du résultat d’un processus de longue traine. Et c’est certainement ce qui permet au burn-out de s’installer, de manière insidieuse, quasi incognito.
Note à vous-même : il ne s’installe pas si incognito que ça mais encore faut-il avoir été briefé sur le sujet pour l’admettre…

 

Les étapes qui conduisent au burn-out?

Etape 1 : je vais bien, tout va bien, ça roule au travail, enfin normal…

Etape 2 : j’entre dans un surmenage et là, je suis fatigué(e), je me lève le matin et je suis fatigué(e) et ça fait plusieurs semaines que je me sens fatigué(e).
J’ai des pensées récurrentes liées au travail, je fais pas mal d’étourderies, je commence à avoir un changement de l’humeur, je suis irrité(e) plus facilement.
J’ai un sommeil modifié également (réveils nocturnes ou difficultés d’endormissement).
Je peux avoir des symptômes du type : migraine, tensions musculaires, mal de dos…
Mais, même si je suis fatigué(e) j’y retourne, normal, ça fait partie du travail, je vais prendre sur moi et résister…

Etape 3 : J’entre dans la phase d’acharnement. Oui, je suis fatigué(e) mais je lutte et résiste pour être sur le pont au travail. Je ne veux pas lâcher, mes collègues comptent sur moi, je ne suis pas du genre à être en arrêt maladie, je suis fort(e) et investi(e), je résiste car les vacances vont finir par arriver…
Et même si je perds un peu mes moyens du fait de la fatigue, je suis là.
C’est vrai que j’oublie pas mal de choses en ce moment, c’est vrai que j’ai du mal à me concentrer et que je vois bien que je ne suis pas trés efficace au moins je me dis que je ne lâche pas.
Je commence à être un peu à cran parait-il… C’est que vrai que je m’impatiente vite et que mon sens de l’humour s’est un peu fait la malle mais je n’ai pas le temps de rigoler car j’ai trop de travail !
J’ai rallongé mes horaires d’ailleurs car je n’avance à rien et j’ai peur de ne pas y arriver en fait.
Et puis, je dors mal, je ressasse à la place et je n’arrive pas à récupérer, j’en ai marre en fait!
Mes proches me disent qu’il faut que je fasse une pause mais qui fera mon travail ? Je vais essayer de tenir encore un peu ou pas….

Etape 4 : je suis épuisé(e) physiquement, émotionnellement et mentalement et c’est la faute de mon entreprise ! Je deviens vindicatif(ve) sur le sujet, il est clair que c’est n’importe quoi !
En plus, je n’avance à rien, je suis à bout, je suis entrain de m’effondrer, là je pense à m’arrêter! Je m’isole le plus possible car j’ai besoin d’être seul(e)…
J’ai l’impression de chuter et de ne pas avoir de porte de sortie, en fait j’ai l’impression d’être coincé(e) dans ma situation alors je résiste encore…

Etape 5 : Je suis en plein burn-out et je veux en sortir, je veux que ça s’arrête! Je suis épuisé(e), je ne récupère pas assez…
Je me sens nul(e), j’ai honte même de ne pas réussir à tenir, je me sens incompétent(e) en plus en ce moment avec mes oublis, plus d’idées novatrices, plus d’idées du tout…
Je me sens vidé(e), je me suis isolé(e) mais de toute façon je suis coincé(e), il n’y a pas d’issue à mes yeux !
Là je m’arrête car je ne peux plus et mon corps me le fait savoir de bien des manières… Je n’ai plus le choix je m’arrête….

 

Reconnaître le burn-out

Chacun à sa manière développe des symptômes du burn-out, il n’y a pas un schéma figé de ce à quoi ressemble un burn-out. Globalement, nous retrouvons malgré tout des manifestions fréquentes de certains symptômes.

Comment sortir du burn-out ?

Lorsqu’une personne est en situation d’épuisement professionnel, il faut garder en tête qu’elle a le sentiment de ne pas avoir d’issue à sa situation. Il y a souvent une incompréhension concernant la situation globale et elle se demande avant tout comment a-t-elle pu en arriver là ?

L’isolement engendré par la situation, la perte de l’estime de soi, la fatigue, la perte de moyens comme la baisse de capacités de réflexion augmentent la difficulté à remonter la pente.

> Récupérer
La 1ère chose à faire est de se reposer et prendre le temps nécessaire pour récupérer.
Cette phase de récupération semble pour certains interminable mais elle est obligatoire ! Je vous le dis tout de suite, il faut l’accepter et intégrer que pour récupérer lorsque l’on a tiré à fond sur ses ressources cela prend du temps.
Cela se compte au minimum en semaines mais le plus souvent en mois.

> Comprendre
Une fois cette phase achevée (vous le savez car vous avez enfin de l’énergie pour faire des choses), vous devez réaliser une phase introspective et réfléchir à ce qui vous a conduit à l’épuisement.
Qu’avez-vous donné en trop?
> trop d’investissement? Trop d’attentes? Trop de perfection? Trop de missions qui n’étaient pas au départ sur votre fiche de poste? Trop de non-dits gardés pour vous?
Ce « trop » doit changer. Si vous retournez au travail sans avoir changer quelque chose, la situation va perdurer et recommencer.
Vous allez donc développer une nouvelle perception du travail. Vous allez mettre le travail à sa juste place, celle qui vous convient.

> Décider
Ces nouvelles perspectives vont vous permettre de vous projeter dans votre futur professionnel. Vous allez vous fixer un cadre et mettre en place de nouvelles habitudes. Soit en restant dans votre entreprise soit en tournant la page et en allant voir ailleurs…

> Le passage à l’action
Il est temps pour de se lancer ! La reprise doit être sécurisée en étant vigilant ou en adaptant la reprise pour qu’elle soit progressive. Le tout est d’éviter la rechute.
Vous ressortez grandi(e) et en avez appris sur vous-même, votre vision du travail n’est plus la même et tant mieux!

 

SE FAIRE AIDER 

 

Je ne peux que vous conseiller de vous faire accompagner par un psychologue du travail pour passer ce cap. 
Vous gagnerez un temps précieux et surtout une qualité d’analyse sur votre situation. Le burn-out est comme un iceberg. La face visible concerne le contexte organisationnel et la face invisible concerne vos valeurs, vos besoins, vos compétences, vos schémas d’adaptation… Autant d’informations difficilement accessibles pour un non expert ou même par une introspection personnelle

Article rédigé par Marion BROC – Pyschologue du travail
Septembre 2023

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